L’espace lausannois d’art contemporain (l’elac) accueille «Pièces choisies», une exposition de Jean-Luc Manz.
«La démarche artistique de Jean-Luc Manz est structurée de telle façon qu’un tableau peut posséder en lui les éléments capables de convoquer tous les autres tableaux. Mais la logique intrinsèque qui, sur maintenant près de trente ans de production, relie dans l’œuvre de Manz l’ensemble des expériences formelles qu’il a conduites dans le champ de l’abstraction géométrique, va bien au-delà de ce que l’on appelle la cohérence d’un travail. Il s’agit plutôt d’une attitude qui se rapproche davantage de la nécessité d’inventer des stratégies pour soustraire son œuvre à la réification, si ce n’est pour se soustraire lui-même à une identité trop restrictive de peintre de l’abstraction.
Ainsi, au cours des ans, il renouvelle sans cesse son vocabulaire formel, sa palette de couleurs mais aussi sa manière de réinterpréter les différentes tendances déjà visitées dans l’art abstrait. Il développe des systématiques qui ont le plus souvent un lien avec la réalité et dans lesquels l’appropriation comme le ready-made jouent un rôle déterminant. Pourtant ces procédés ne relèvent pas d’une position critique de l’artiste à l’égard des pratiques et des discours de ses contemporains ; au contraire, il s’agit pour lui de mettre davantage l’accent sur l’art comme expérience, voire comme une possible relation au monde où l’affect et le vécu ont autant d’importance que le détournement de formes préexistantes.»
Extrait du texte «L'art comme expérience: du ludique au contemplatif» de Catherine Othenin-Girard, in «Jean-Luc Manz Peintures 1984-2010», Musée cantonal des Beaux-Arts, edition fink.
«Pièces choisies» à l’elac
L'exposition s'articule principalement autour de deux séries, les «Bedroom Fantasies» (2001) et «Ohio I-IV» ( 2006 ). La série «Bedroom Fantasies» est la dernière qui utilise le damier qui est un motif récurrent dans le travail de Jean-Luc Manz. Celle-ci fait partie d'un ensemble autour de la figure de Lily St-Cyr, célèbre strip-teaseuse américaine des années 1950. Le titre de cette série vient d'un vaudeville dans lequel elle joua. Les couleurs s'opposent et s'affrontent en intensifiant la répétition du carré. «Ohio» est le pendant à la série «Bari's paintings I-IV» ( 1998-1999 ). La toile est ici divisée en rectangles verticaux dans une gamme chromatique sourde. Ce travail fait appel au souvenirs de voyage; mémoire intense et fragile.
02.05–01.06.2012