« Ce projet artistique est le résultat d’une recherche de quatre ans, qui s’est développée autour d’un lieu : le village de Prabert. Mes photographies proposent un mélange d’images, de réalités ambigües superposées, flirtant constamment avec les frontières du réel et de l’imaginaire. En résulte un dispositif de mise en scène jouant avec les codes du fantastique et du réalisme. La routine et l’étrange se côtoient, tandis que le clivage entre l’Ici et l’Ailleurs se discerne difficilement : les pistes sont brouillées, le temps et l’espace gommés. Le cadre repose sur la mise en place de décors, souvent inspirés des couleurs felliniennes ou de la folie Kusturicquienne. Les situations misent en scène sont absurdes et donnent naissance à un univers pittoresque et ludique. Viennent à cela s’ajouter les sujets, le plus souvent en place centrale de la composition, semblant échappés d’un autre temps, d’une autre culture. Les parures et les costumes appuient ce « melting pot » de traditions. La place de l’animal joue également un rôle très important, sa fonction est rituelle, voire sacrée. Ce mélange de références crée une intense activité symbolisant la rencontre, les limites et les carrefours, donnant naissance à une société nouvelle. Les objets ici sublimés témoignent d’un effort d’organisation et d’entraide. Les cultures sont ici repensées et se muent en traits d’union. Les frontières ne sont plus des barrages mais des zones de contact. « Prabérians » est donc un monde résolument utopique, et cette série, le résultat d’une prise de conscience face à cette notion vaine qu’est la communauté dans le monde occidental contemporain. »